Le Dr Michael Debakey a inventé le pontage coronarien. Le New York Times du 25 Décembre 2006 relate le saga de son propre pontage, intervenu en 2006, à l'âge de 97 ans, et les nombreuses questions scientifiques - éthiques - financières que ce cas soulève.
Dans un pays comme la France, quelle aurait-été la décision des chirurgiens?
1) Fallait-il l'opérer alors qu'il n'y avait aucun précédent scientifique permettant de penser que cela pouvait réussir chez un patient de cet âge?
2) Que faire de la demande écrite du Dr Debakey, alors en bonne santé, de ne pas faire sur lui de l'acharnement thérapeutique ?
3) Que penser du coût de l'intervention et de ses suites ?
L'article a été écrit par un journaliste médical véteran, Lawrence Altman, que le Dr Debakey connaît depuis des décennies à qui il voulait relater l'histoire par le menu, afin que toutes les leçons puissent en être tirées. Et le récit est passionnant:
- le Dr Debakey a diagnostiqué sur lui-même un début de rupture de l'aorte le 31 décembre 2005 à l'âge de 97 ans, mais a refusé d'être admis à l'hôpital, alors que la rupture grandissait sur une période de plusieurs semaines.
- Debakey allait mourir dans les 24 heures si rien n'était fait.
- Après délibération du comité d'éthique sans conclusion, son associé (depuis 40 ans) et sa famille ont décidé de le faire opérer, alors qu'il n'existait aucun cas d'intervention de ce type sur une personne de cet âge. Comment laisser partir un homme de cette stature sans le faire bénéficier de sa propre intervention ? Mais qui voulait l'opérer ? Il a fallu faire venir un anesthésiste d'un autre établissement que celui où Debakey continuait de poursuivre son travail (!).
- Grâce à une santé de fer, et un suivi médical important pendant six mois, dont plusieurs hospitalisations, le Dr Debakey a repris son travail et est actif à 98 ans, alors qu'il serait mort sans cette intervention.
Fallait-il le faire? Si oui, quel est le coût que notre Société est prête à assumer? Comment vivre avec l'idée que l'on ne pourra plus tout faire pour préserver la vie d'un être cher? Je dis "pourra" c'est probablement "peut."
PS Deux faits glanés au passage : 1) le Dr Debakey, né au Liban, est francophone et 2)si sa mère ne l'avait pas appris à coudre, l'histoire des greffes chirurgicales de son fils ne serait pas celle qu'elle est.
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