C'est le jour de Noël, et le Monde ne fait pas de cadeaux à la pharma. Sous le titre, "les labos veulent entrer au domicile des patients," Le Monde présente son troisième article en quelques semaines qui s'oppose aux programmes d'accompagnement. C'est un article qui ne rapporte aucun fait réel français, outre la description incomplète d'un cas dont on ne peut tirer aucune conclusion. Pourquoi cet empressement? Une alliance entre le journal Prescrire et Le Monde? De l'idéologie anti-capitaliste ? Les journalistes du Monde, se sont-ils inquiétés des chiffres de l'inobservance en France, chez les patients atteints de pathologies chroniques indolores ? Qu'est-ce qu'ils proposent comme solution à l'inobservance, problème invisible et néanmoins réel ? Quel est l'inconvénient reel d'un financement de ces programmes par ceux qui fabriquent les médicaments, puisque les programmes d'accompagnement sont pilotés par le médecin qui les propose à son patient, lequel patient peut refuser?
Les programmes ne sont pas gérés par les laboratoires. Ils sont gérés par des sociétés d'une catégorie peu connue. Ce sont des "assisteurs." Un assisteur n'est pas un assureur. C'est un métier spécifique. Il s'agit de fournir une assistance à des bénéficiaires de programmes, qu'il s'agisse des programmes d'observance, des programmes de rapatriement sanitaire, des programmes d'aide à l'emploi, ou de réparation de voitures en panne. Les assisteurs sont Mondial Assistance France, Axa Assistance France, Europe Assistance...Leurs clients peuvent être des assureurs, des entreprises qui proposent des programmes de prévention à leurs employés, et depuis peu, des laboratoires pharmaceutiques qui cherchaient depuis longue date des solutions pratiques à un problème décrit dans la littérature depuis des décennies et peu reconnu en France.
Le patient a besoin d'être accompagné si l'on veut qu'il prenne son traitement régulièrement. C'est un problème de timing et de métier. Il ne suffit pas de prescrire un traitement. Il faut rappeler son intérêt régulièrement au patient. Ce n'est pas le métier du médecin de passer son temps au téléphone pour faire des rappels, et ce n'est pas réaliste de lui demander de le faire.
Il manque un métier dans le système de soins, c'est le métier d'accompagnateur et d'éducateur thérapeutique, aidé des nouvelles technologies, pour que l'on ne soit pas constamment en train de prendre une demie-journée de temps au patient, pour faire ce qui peut être fait en une heure grâce au téléphone et des documents papiers / ou électroniques..
Bonjour Dominique. Merci pour ton commentaire. Le patient est le premier membre de l'équipe médicale et celui qui décide. Je pense que tu me connais suffisamment pour confirmer que je le pense. Je ne te vois pas en beret basque portant ta baguette sous le bras, même si tu fais du vélo, et je pense que tu ne me vois pas non plus en américaine stéréotypée. Il faut reconnaître, à la lumière de nombreuses études réalisées depuis plus de 30 ans et encore aujourd'hui, que notre système de soins doit évoluer si nous souhaitons améliorer l'efficacité de la mise en oeuvre des recommandations des praticiens envers les patients. Les programmes d'accompagnement n'ont nullement pour but de faire prendre un traitement inutile, ni de faire prendre un traitement contre le gré du patient. Parlons-en quand tu le voudras. Quant au "pot commun," les laboratoires seraient peut-être d'accord pour partager les coûts ? Demandons leur. Mais, question pour toi: est-ce que les médecins français sont prêts à partager les honoraires globaux, divisés par le nombre de praticiens ?
Rédigé par : Denise Silber | 11/01/2007 à 19:47
Bonjour Denise,
Tu écris "Le patient a besoin d'être accompagné si l'on veut qu'il prenne son traitement régulièrement. "
Ce n'est pas à "on" de savoir si le traitement doit être pris par le patient, mais au patient lui-même. S'il ne le prend pas, il a ses raisons, souvent respectables aussi. Cette intrusion dans la vie privée des patients est terrifiante pour un non-américains. Nous sommes plus sensible que vous aux libertés individuelles dans certains domaines.
Et je passe sur les interférences financières considérables avec ceux qui financent.
Je suis sûr que si l'on propose au LEEM d'alimenter un pot commun qui va gérer les patients demandeurs d'une aide, il n'y aura plus personne, comme pour la FMC : chaque industriel veut avoir ses propres pauvres et non financer anonymement une oeuvre collective.
Et ce n'est pas pour rien.
Rédigé par : Dominique Dupagne | 11/01/2007 à 19:32
En effet, l'inobservance est plutôt biologique ! Le médecin, dans les conditions de travail actuel, ne peut faire un suivi du patient pour lui rappeler son traitement; et ce n'est probablement pas souhaitable ni pour lui ni pour le patient, car c'est également démontré que le patient n'ose pas dire la vérité au médecin et on le comprend; c'est également biologique. Il manque un métier. Et ce quelqu'un qui suit le traitement se doit d'être un professionnel de santé.
Rédigé par : Denise | 02/01/2007 à 22:24
Bien sûr le patient est libre de ne pas se soigner volontairement; mais le plus souvent , l'oubli ,le souci de ne pas déranger son médecin, la complexité des traitements, les nombreuses faiblesses entrainées par les états de mal- être ,le poids des habitudes(alimentation et diabéte par exemple)...expliquent l'inobservance des traitements et les difficultés des stratégies éducatives
Le développement des maladies chroniques et le vieillissement des populations nécessiteront un accompagnement de plus en plus poussé..largement assuré par les médecins traitant aujourd'hui mais qui demain ne pourront suffire (cf démographie médicale à venir)
expérimentons pour répondre aux défis qui nous attendent
Rédigé par : chris | 02/01/2007 à 22:15