Si les médias sociaux avancent autant, c'est entre autres, parce que la transparence est une valeur en hausse. Le Telegramme, journal du Massachusetts a publié le 15 mai 2011 un article ayant trait à la transparence des relations financières entre les médecins et les firmes, et qui génère du buzz dans cet Etat. Le Telegram fait état d'informations trouvées sur le site en ligne ProPublica,
concernant un médecin dans le Massachusetts, rémunéré jusqu'à $225 000 en un an, pour l'animation de réunions de confrères en indiquant que quatre autres ont reçu $50 000 chacun. Ces pratiques précédemment inconnues avec ce degré de précision, sont fortement critiquées par le journal. Qu'est-ce que ProPublica?
L'ancien rédacteur en chef du Wall Street Journal, Paul Steiger, ayant constaté il y a quelques années que la crise de la presse américaine avait conduit à l'élimination de nombreux postes de journalistes d'investigation (37% de journaux américains n'en avaient plus en 2005), a créé son propre journal en ligne, à but non lucratif et financé par une fondation, ProPublica dédié à l'intérêt public et employant près de 40 journalistes.
ProPublica s'intéresse à la Santé, puisqu'il signale par ailleurs que 1) la dialyse aux Etats-Unis coûte nettement plus qu'en dehors des Etats-Unis pour un résultat clinique inférieur, 2) Les soldats américains ayant subi des traumatismes crâniens ne sont pas traités correctement 3) Les médecins légistes aux Etats-Unis font de très nombreuses erreurs.
Le quatrième dossier s'appelle "Dollars for Docs", une base de données crééé par ProPublica et qui permet de chercher par firme, par Etat, par médecin les honoraires versés par l'industrie pharmaceutique (et dispositif) aux médecins qui acceptent d'animer des réunions avec leurs confrères. La base de données a été constituée grâce aux données fournies par huit laboratoires, les premiers à se plier à cette contrainte. D'autre part, ProPublica a croisé ces données économiques avec les actions administratives (amendes, avertissement,...) éventuellement en cours par l'Etat, la FDA, ... à l'encontre de certains médecins.
ProPublica note que les honoraires soulèvent des questions éthiques, sans pour autant être illégaux. En revanche, divers billets sur le site ProPublica attirent l'attention du lecteur à l'influence excessive des médecins par l'industrie, au vu de ces paiements, en signalant que les patients doivent pouvoir savoir si leur médecin reçoit ces paiements des laboratoires, pour identifier l'éventuel conflit d'intérêt du prescripteur. Toutes ces données sont déclarées en France mais il n'y a pas encore une base de données de synthèse en ligne.
Il n'y a pas non plus en France de journal d'investigation, en ligne, géré par une fondation, c'est à dire, sans publicité, ni intérêt politique, ni actionnaires. Les laboratoires d'idées ou think tank français sont basés sur les think tank américains, et non pas sur le modèle de ProPublica.
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