La France du numérique : peut faire mieux, doit faire mieux, va faire mieux ?
Dans cette période pré-Bac, nous nous intéressons à l'élève France en matière de performance numérique. Il s'avère que la France est un élève à haut potentiel avec beaucoup d'atouts, mais aussi des handicaps qui font qu'elle tombe de la cinquième économie mondiale, à la neuvième place en nombre d'internautes (tableau à gauche dessous) à la vingtième place dans le classement des compétences numériques (tableau à droite), réalisé par The Economist et IBM.
La réunion du eG8 à Paris a été aussi l'occasion pour l'Institut Montaigne de publier une note consacrée à la situation de la France dans le domaine du numérique et comment ce rang pourrait s'améliorer. La note relève à juste titre que la France ne manque pas de cerveaux pour créer des activités numériques...le seul hic est que ces cerveaux n'arrivent pas très souvent à créer de grandes entreprises numériques en France et partent pour certains aux Etats-Unis où les conditions de l'entrepreneuriat, de l'embauche, et de l'écosystème du numérique sont plus favorables.
Je confirme effectivement que si la Silicon Valley est souvent citée, on peut aussi évoquer de nombreuses autres régions américaines, sans oublier pour autant Londres et Dublin qui commencent à attirer les sièges européens des géants américains, tel Google, Twitter,.... En tous cas, la fréquence du succès d'un DailyMotion ou d'un Netvibes, entreprises françaises qui réussissent à grande échelle dans le numérique est trop rare.
Est-ce que l'amélioration de la position de la France dans le numérique peut venir d'incitations de l'Etat ? L'Etat peut contribuer, par exemple, moyennant des actions comme celle du Grand Emprunt ou l'octroi de plus d'ordinateurs dans les écoles, mais cela ne suffit pas. Les Nouvelles Technologies n'ont pas seulement besoin de matheux. Elles ont besoin d'une culture d'innovation, de flexibilité et de soutien à part entière de l'internet.
Lorsque 17 ans après l'introduction du web, on assène haut et fort en France, par exemple dans le secteur de la Santé, les mêmes critiques que lors des premiers jours : "les nouvelles technologies sont deshumanisantes," "il faudrait une information officielle dans la santé," "l'internet fait perdre du temps au médecin, lors de la consultation,"...cela ne fait pas avancer la position de la France. Quand en plus, on recommande de renforcer le rôle des institutions publiques dans les nouvelles technologies, on n'augmente ni l'agilité de l'initiative, ni la qualité pour l'internaute de santé, à en juger du faible trafic sur les sites officiels actuels.
Quant à la télémédecine, où là aussi, il ne manque pas de pionniers français, (citons le travail du Professeur Lareng, ou plus récemment, celui de Jacques Marescaux). Mais l'organisation du système de santé ne favorise pas encore le développement de la télémédecine — car télémédecine sans dossier patient informatisé préalable est problématique. Et le dossier patient informatisé n'est même pas chose courante chez les médecins en cabinet individuel aux États-Unis dans l'état le plus avancé, la Californie, comme ce tableau l'indique. Pourquoi ? Le fait d'être en cabinet individuel rend la chose difficile. Seuls les systèmes intégrés où l'ensemble des médecins sont équipés par un même organisateur bénéficient d'une informatisation à large échelle. Nous en avons largement parlé dans ce blog. Nous l'avons vu en 2010 lors de la conférence Santé 2.0, avec l'exemple du Danemark, précédemment avec les Veterans, et en 2011, à la conférence Doctors 2.0 & Vous, nous le reverrons avec le représentant d'un système de soins israelien, Clalit, où l'e-santé, les communautés de patients en ligne, la télémédecine sont toutes opérationnelles.
L'objectif du congrès Doctors 2.0 & Vous est stratégique. Nous avons voulu amener en France des personnalités du monde de l'e-santé d'une douzaine de pays, afin de relancer le débat sur le rôle du médecin dans la diffusion des nouvelles technologies pour le mieux-être du patient...car nous avons beau dire que le patient est au centre, si le "pilote" médecin n'est pas présent à un moment donné, la mise en oeuvre est compromise.
Je terminerai ce billet avec la question du jour. Quelle sera la part du iPad et des applications mobiles dans la Santé en France, au niveau du système de soins ? Il existe déjà près de huit mille applications santé dont 30% environ pour les professionnels. L'innovation passe maintenant par là. La France prendra-t-elle le virage assez vite ?
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