Vous êtes nombreux à avoir pris connaissance en mars 2012, des résultats positifs de l'étude de la télémédecine en Angleterre, étude dite "Whole Systems Demonstrator" présentée comme la plus importante à date et réalisée très sérieusement par l'état brittanique.
Ces derniers jours, les nouvelles de l'e-santé en Angleterre sont toutes autres. Cela ne nous surprend pas tout à fait, puisque cela fait 15 ans que les grands pays peinent à introduire l'e-santé -- au sens du dossier médical connecté à grande échelle, tout en annonçant que c'est imminent. N'oublions pas non plus les efforts des pionniers de la télémédecine, depuis plus de 40 ans. Pendant ce temps-là, des succès il y en a eu, mais dans des systèmes à taille plus restreinte.
Quelles sont les nouvelles ?
1) En Angleterre, 13,5 million de "summary care records" (SCR) ont été créés. C'est un résumé des données médicales des patients destiné à être utilisé par des médecins lorsqu'ils répondent à des appels en dehors des heures de consultation. C'est effectivement l'un des usages que l'on pourrait imaginer pour le DMP français qui est lui aussi un résumé des données des patients. Et pourtant ces dossiers SCR sont consultés dans seulement 0,5% des cas en Angleterre, dans la meilleure des hypothèses, puisque selon les médecins "cela prend du temps pour y accéder". Le Department of Health brittanique déclare avoir dépense 100 millions de livres à ce jour, sans aucun bénéfice.
dossier Summary Care Record
2) L'étude "Whole Systems Demonstrator" n'a peut-être pas les résultats positifs que nous avions entendus. Selon des données plus complètes, il y a au maximum une probabilité de 40% que la télémédecine puisse apporter le ratio coût-bénéfice espéré en Angleterre.
Que penser du ci-dessus ? Ma conclusion ne varie pas -- l'informatisation des systèmes de soins est indispensable...C'est illogique pour ne pas dire "absurde" de s'y opposer. Mais elle doit s'effectuer dans un système où les objectifs de chacun sont alignés et cohérents. Ce n'est pas le cas aujourd'hui des systèmes de santé. L'informatique non seulement ne peut modifier les objectifs de chacun. Elle est plutôt un agent révélateur des incohérences.
Bonjour , votre article est très intéressant et depuis Castelknock à Dublin jusqu'à Seaford near Brignton ,j'avais eu l'occasion de pouvoir comparer les systèmes , d'en avoir été client et de me faire une idée du nivellement par le bas si la France voulait leur ressembler , étant médecin et quelque moi même . Je ne vais pas me lancer dans la description catastrophique de l'état et de leurs résultats , ce sont leurs us et coutumes qui les entretiennent depuis 1945 où ils ont garde Cherchill pendant que nous avions le CNR . Ce qui m'interpelle le plus , après avoir été formé en France pour le DMP , sa fiabilité , sa structure , sa sécurité , ce sont surtout vos croyances qui sont aux antipodes de la réalité objective mesurée que vous veniez d'écrire : non , l'informatique médicale ne marche que dans les structures encode "live" , ces méthodes n'ont aucune chance de fonctionner dans un système eclaté national et plus si aff . Il n' y a aucune amélioration sur la prise en charge des patients par l'outil informatique qui tient à notre coté septique qui nous amène à nous faire confiance et beaucoup moins à lire un rapport de synthèse comme la bible : d'ailleurs imaginez le nombre de morts grâce à cette lecture ! cqfd .....désolé ...Maintenant votre côté forcement libéral va devenir schizophrénique à vouloir rectifier le tir en terme d'obligations sanctions comme au meilleur temps de CCCP !
Rédigé par : Leon Docte | 27/04/2012 à 16:07
Merci Denise pour cette info. Et je partage votre opinion pour la nécessité d'avancer.
Je ne crois pas que le fait que l’ outil soit élaboré par les médecins ou par les patients change les choses. Le problème c’est le changement de comportement nécessaire qui nécessite un temps d’apprentissage, et de toute manière, un temps pour consulter /ou renseigner des données. Tant que l’interfaçage avec les logiciels métiers ne sera pas réalisé nous serons devant un obstacle à la généralisation de l’utilisation de cet outil par les médecins.
A l’heure actuelle on ferait un grand pas si le DMP était renseigné comme synthèse des pathologies en vue d’une intervention en urgence (médecin qui ne connaît pas le patient, patient qui n’est pas interrogeable)
Dans le DMP actuel, il est accessible au patient qui peut rentrer des données, et là je suis d’accord avec Dominique, le patient pourrait être plus impliqué.
Quand au médecin pourquoi serait plus impliqué ? Il n’y a pas de secret, soit l’outil lui apporte un plus dans son exercice et il pourra, peut-être, faire l’effort de le renseigner… mais à mon avis c’est une condition nécessaire mais pas suffisante, ensuite il faut qu’il y soit obligé ou incité. Outre les moyens habituels dont la sécu à le secret, taxation si le dossier n’est pas rempli, ou plus rarement, rémunération supplémentaire en cas de création de dossier ou de renseignement du DMP, une autre incitation forte serait que le patient demande à son médecin de créer et renseigner le dossier. Pour cette dernière hypothèse il faudra qu’il y ait une fore communication grand public sur le DMP et son utilité en lui fixant des objectifs pragmatiques et réalistes, c’est à dire beaucoup plus restreint que ce qui a été prévu, car effectivement , tant que les données sont non structurées , on sera dans un amoncellement de fichier inexploitables , sauf s’ils sont réduits au strict descriptifs des données : TT en cours, ATCD, maladie en cours, CR hospitalisation.
Bonne semaine à tous.
Rédigé par : Sylvie Royant-Parola | 23/04/2012 à 17:43
Bonjour Denise,
Merci pour ces informations. Je ne suis pas étonné comme tu l'imagines. Je rappelle ton article de 2004 http://www.mmt-fr.org/article131.html et le mois de mai arrive !
Le SCR présente donc sur le DMP l'énorme avantage de contenir une information structurée. Car un "tas" de documents, comme le DMP, est bien fastidieux à lire, surtout pour les patients "lourds" pour lesquels il est le plus utile. Donc, même sous cette forme structurée, il n'a pas convaincu les médecins anglais.
Comme tu le signales, on ne s'approprie les outils que si on a participé activement à leur élaboration. Et encore ! Les médecins n'utilisent les produits électroniques que si ceux-ci apportent un gain de temps ou d'argent immédiat, comme tout le monde. Peu de gens sont prêts à perdre du temps pour "la beauté de l'art" ou une hypothétique sécurité.
En fait, j'irais, avec Philippe Ameline, plus loin que toi : le DMP marchera quand il sera créé par les médecins où les patients eux-mêmes. Et je penche plutôt pour les patients.
Et en effet, en attendant la mise en place de cette nécessaire subsidiarité, le DMP ne fait que démontrer les incohérences du système, par exemple le délai invraisemblable entre la sortie du malade de l'hôpital et la création du compte-rendu d'hospitalisation.
Rédigé par : DDupagne | 23/04/2012 à 11:39
Bonjour Adam. Merci pour ce commentaire. Quand je dis que le SCR anglais est comme le DMP français, c'est "en gros." Il y a quand-même une ressemblance forte, sauf pour la différence dans le nombre de dossiers effectifs en Angleterre... Le patient en Angleterre peut tout à fait accéder en ligne en ligne à son dossier et a le choix de ne pas en avoir un. L'expérience nous montre simplement que ce dossier ne semble pas utile aux médecins en l'état actuel du système.
Rédigé par : Health20Paris Denisesilber | 23/04/2012 à 09:53