Le
14 novembre, 2012 à Paris, le Cnom a tenu sa journée consacrée à la
réflexion sur l'éthique dans le domaine de l'usage de l'internet santé. Saluons le travail de Jacques Lucas ainsi que de ses
collègues Jacqueline Rossant, Irène Kahn, Bernard Le Douarin.
Quels ont été les sujets abordés ? Les thèmes que le Cnom se
doit d'aborder en France : l'impact d'Internet sur la relation
médecin-patient, l'activité des professionnels de santé sur le web, la
confiance dans le numérique en santé...
Vous pouvez lire le programme ici.
J'ai
eu la chance d'intervenir en introduction de la première table ronde,
intervention enregistrée par vidéo compte tenu d'un déplacement à l'étranger,
déplacement qui ne m'a pas empêché de participer par Twitter le matin.
J'espère pouvoir partager avec vous très prochainement cette vidéo qui
retrace l'histoire de la Santé 2.0 en France et en attendant, voici un
premier commentaire de la réunion, notamment à partir des nombreux
tweets.
Etait-ce un succès cette journée ? Je dirais franchement "Oui"
... mais, c'est un commentaire qui appelle à bien plus de précisions,
d'où ce billet...
Que veut dire "réussir une réunion professionnelle" ? La participation dans la salle ? Le débat ? Les résultats par la suite ? C'est beaucoup demander à une réunion que de modifier le paysage de la France sanitaire. En revanche, le concept de "la participation"
évolue, car depuis le Web 2.0, un nouveau critère est entré en jeu :
l'activité sur Twitter, notamment la communication entre la salle et des personnes
qui participent à distance. Désormais, les réunions IRL (in real life)
permettent l'échange en temps réel avec toutes les personnes qui, au courant du hashtag ou mot clé de la réunion, le recherchent en temps réel sur Twitter. Qui plus est,
cet échange peut se poursuivre après sur #ETIC2012.
Retenons grâce au "transcript" de la réunion (transmis par @kiwfranc) que l'activité sur Twitter fut abondante : 988 Tweets, 1,345,068 impressions, 102,495 followers. Je suis à la 3e place sur Twitter (@health20paris).
Quels thèmes ont suscité le plus d'échanges sur Twitter et donc
ont touché le plus de personnes ? De nombreux sujets ont provoqué une
confrontation de points de vue...
Les thèmes numérotés dessous ont été parmi les plus débattus.
Vous me pardonnerez, si je les présente de façon synthétique,
raccourcie...et avec le clin d'oeil...Après tant d'années de débat sur
le droit des patients d'accéder à l'information et d'en parler avec leur
médecin, et de l'envie d'avancer... le clin d'oeil me vient tout naturellement.
1) Que les professionnels accomplissent une réelle écoute des
patients ne va pas de soi; ni la formation ni l'organisation de la
consultation ne favorisent cette écoute.
2) Le patient, lui,
plutôt fin psychologue, n'évoque pas (n'ose pas) avec le médecin les
informations recueillies sans son accord (comprendre "par internet")...et la qualité de la communication est donc compromise.
3) la certification actuelle des sites web ne va pas : elle ne
satisfait pas la volonté des "sachants", d'éliminer l'accès libre aux autres à l'omniprésent "n'importe quoi" sur internet. Elle ne résout pas non plus le problème des
conflits d'intérêt.
4) C'est à l'état de définir l'information "sûre". L'Etat ne doit pas jouer le rôle de censeur...Hmmm
5) le DMP manque de crédibilité (et cela ne date pas d'aujourd'hui)- "dossier mal parti" pour certains Tweetos...Mais
en fait, ne nous trompons pas de sujet. C'était l'autre réunion
(parlementaire) qui se déroulait le même jour où l'on traitait le
DMP..Heuh...?
6) le DP (dossier pharmaceutique), cela va très bien. Il y en a de
plus en plus et c'est un outil de collaboration professionnelle qui
sauve des vies, mais sans permettre un accès patients et encore moins la
contribution par les patients, à l'heure actuelle.
7) Il est
fortement recommandé aux médecins d'établir leur présence sur le web.
L'anonymat des médecins en ligne pose problème (pour tous
sauf celui qui est anonyme). L'identification des médecins en ligne
pose problème. ;-)
8) Les médecins pigeons nés sur Facebook
montrent que les médecins français savent aller nombreux sur les médias
sociaux. Attention, ils ne sont pas du tout nombreux, si celui qui
évalue leur nombre n'est pas en faveur du mouvement "médecins pigeons".
9) Doctissimo continue d'être le poids lourds de l'internet santé en France (et cela ne date pas de hier)
10) Et sans oublier celui-ci: il est toujours aussi difficile de tirer des enseignements des exemples étrangers car la France est différente, voire sans moyens, au choix.
Okay,
je reprends sans le clin d'oeil. Ce que je retiens de cette réunion est
le dévouement de Jacques Lucas et collègues à nous réunir nombreux IRL
et virtuellement et l'intérêt de tous, aussi bien professionnellement
qu'en tant que citoyens de participer aux débats.
C'est
l'expression en quelque sorte de l'ENGAGEMENT de chacun envers
l'internet santé. L'existence et l'importance de ces outils du
numérique ne sont plus niées. Nombreux sont ceux qui aimeraient que cela
avance...Et comment ? On avancera sûrement en marchant, voire au galop
si l'on peut ré-envisager le système de soins, mais bon, ce sera pour un
autre jour. Merci encore à Jacques Lucas et à bientôt !
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